Curry de crevettes aux épices des îles — un voyage en trois bouchées
L’autre jour, j’ai retrouvé un petit paquet de feuilles de curry séchées dans mon placard. Leur parfum immédiat — à la fois citronné, boisé, légèrement sucré — m’a replongé dans une ruelle ensoleillée de Fort Kochi, en Inde, où des femmes riaient en pilant des mélanges d’épices encore chaudes sorties du torréfacteur. C’est ce souvenir que j’ai voulu partager, en y ajoutant des touches venues d’ailleurs — notamment des trésors aromatiques découverts sur Les Épices Curieuses, un site qui, plus qu’un commerce, est un passeport pour tous les lointains.
Aujourd’hui, je veux te parler de ce curry de crevettes au lait de coco, vif en couleur et en caractère, qui change tout avec une simple pincée de poudre de mangue verte (amchur), un soupçon de poivre Voatsiperifery de Madagascar et une griffe de tamarin doux. Ce plat, c’est l’essence même d’un marché d’épices : chaud, parfumé, vivant.
Imagine. Dans la poêle chaude, des graines de moutarde noire éclatent dans l’huile comme des feux d’artifice miniatures. Le cumin doré, grillé à sec quelques secondes, dégage alors une odeur étonnamment terreuse, presque de pain chaud. Puis viennent les feuilles de curry — hachées si elles sont fraîches, entières si séchées — qui croustillent doucement dans l’huile, libérant cet arôme incomparable qui assaisonne les souvenirs autant que les plats.
Voici la recette :
Ingrédients pour 4 personnes
- 500 g de belles crevettes décortiquées (gambas si tu veux un effet wow)
- 1 oignon rouge émincé très fin
- 2 gousses d’ail écrasées
- 1 morceau de gingembre frais de 4 cm, râpé
- 1/2 c. café de graines de moutarde noire
- 1/2 c. café de graines de cumin
- 8 feuilles de curry séchées (ou fraîches si tu as ce luxe)
- 1 c. café de curcuma en poudre
- 1/2 c. café de garam masala (idéalement celui au poivre long des Épices Curieuses)
- 1/2 c. café de poudre d’amchur (mangue verte séchée)
- 2 c. soupe de pâte de tamarin douce (ou 1 c. soupe pour un effet plus subtil)
- 200 ml de lait de coco
- 1 c. soupe d’huile de coco
- 1 pincée de sucre brut
- Poivre Voatsiperifery fraîchement moulu
- Coriandre fraîche ciselée
Préparation
Dans une grande poêle, chauffe l’huile de coco avec les graines de moutarde. Dès qu’elles crépitent, jette-y le cumin, l’oignon, puis l’ail, le gingembre et les feuilles de curry. Laisse revenir jusqu’à ce que l’oignon soit translucide et légèrement doré.
Ajoute alors le curcuma, le garam masala, la poudre d’amchur. Laisse-les infuser dans l’huile une minute, jusqu’à ce que le mélange embaume toute ta cuisine. Verse les crevettes et saisis-les jusqu’à ce qu’elles rosissent.
Mélange alors la pâte de tamarin avec le lait de coco et ajoute à la poêle. Baisse le feu, laisse mijoter 5 minutes juste pour que les parfums se marient. Ajuste avec une pincée de sucre, du sel et surtout quelques tours de moulin de ce poivre Voatsiperifery — sauvage et floral, il se glisse entre les crevettes comme une plante grimpante sur une vieille façade en pierre.
À servir avec : du riz basmati ou de petites galettes indiennes au cumin. Une cerise de chutney à la mangue ou des lamelles de coco toastée peuvent, si tu veux, ajouter du croquant et jouer avec les textures.
Version végétarienne ?
Oh, tu vas adorer celle-ci : remplace les crevettes par des pois chiches (déjà cuits), une poignée d’épinards frais qui fondent dans le curry, ou même du paneer en cubes. Le fromage indien s’imprègne du lait de coco, transporte les épices et fond légèrement à la chaleur.
Pourquoi ce plat est magique ? Parce que chaque épice raconte une histoire — celle du poivre Voatsiperifery, récolté à la main dans les forêts malgaches, si subtil qu’on dirait du vin noir. Celle de l’amchur, acidulé comme un souvenir d’enfance croqué dans une mangue pas mûre. Ou le curcuma, si doré qu’il semble né du soleil.
Et surtout, parce qu’en embrassant les joues des crevettes, en colorant le lait de coco, en parfumant même l’air, ces épices transforment une simple poêlée en voyage. Alors, à toi de jouer : fais chauffer ta poêle, ouvre le bocal d’amchur, ferme les yeux — tu sens ? Tu viens de partir loin.